S'évader au delà des limites de notre imagination: 08/01/2010

    Un jour j'ai pris un café avec Thomas B. en attendant sont train gare Matabiau à Toulouse. C'était vers la fin de l'été. Caméra à la main je le filme entrain de fumer sa clope, je fais un gros plan, je penche légèrement la caméra et je le filme de traviolle. Et là je me dis "Voilà le plan qui me plait le plus, celui d'un gars qui fume sa clope, qu'il soit gros, d'ensemble, penché, séquencé ..." De là part mon idée de tout foutre en caméra, faire un montage vidéo sur tout ces gens entrain de fumer.

    Mais la caméra c'est aussi une mauvaise qualité d'images, des montages avec des logiciels difficile ... Alors pourquoi ne pas tenter en photo ? Arrive Noel et je reçoit un cadeau de Clément et Carole "7 minutes de Plaisir" par Eddy Brière. Un livre où l'artiste confie sa vison artistique d'un modèle consumant sa clope, sa nostalgie des lieux fumeurs, sa liberté à saisir le beau au bout de ce filtre.
Là, c'est le déclencheur, je me suis dit "Val tu peux le faire en photo". Alors je me suis lancé, sans plagier, avec ma propre vision et philosophie artistique. Eddy Brière est un modèle tant par sa photo que par sa vision, alors j'essaye par moi même de me construire sans le reproduire.

    "Fumer c'est Chic !" phrase d'Andy Warhol, a été pioché dans le livre (comme quoi c'est bien l'origine). Je l'ai trouvé simple et très explicite à la fois. Elle qualifie une apparence, une impression, une sensibilité, une recherche, une interrogation, elle va droit à l'essentiel, elle est culottée, elle est classe...
Mais les paroles les plus importantes sont celles d'Eddy Brière dont je vous copie-colle l'intro de son ouvrage:

"En France, depuis le 1er janvier 2008, la cigarette est bannie des lieux publics. Finies les salles de concert enfumées, les mégots piétinés le long des bars ou les nuages de fumée qui venaient accompagner la fin d’un repas au restaurant.

Curieusement, j’éprouve un sentiment de nostalgie de cette époque. Je dis curieusement, car je n’ai jamais fumé et encore moins ressenti un plaisir particulier à me retrouver dans des endroits enfumés. Pourtant, visuellement, la cigarette me manque.

Elle a cette propriété fantastique de conférer au sujet photographié, ou filmé, n’importe quel état d’esprit. Elle va même au-delà. Elle se suffit à elle-même pour raconter une histoire : « La pièce était sans vie, à l’exception d’une cigarette qui se consumait à son rythme dans un cendrier… »

La clope représente la « coolitude », l’indépendance, le glamour, la sensualité mais aussi la provocation, la rébellion contre l’interdit, la décadence, le vice ou encore la mort.

Une fois allumée, un spectacle se met en place. En se consumant, elle laisse échapper une fumée bleuâtre qui danse au rythme du moindre déplacement d’air. Le bout de la cigarette s’embrase, on tire dessus ! C’est maintenant à la bouche du fumeur d’envoyer une nouvelle chorégraphie. C’est un tango, une valse ou un rock. C’est aussi une comédie, un drame, une aventure, une histoire d’amour.

La cigarette est un objet esthétique et un objet de plaisir. C’est certainement pour cette raison que je n’ai rencontré quasiment aucune réticence à l’égard de mon projet, et que de nombreux non-fumeurs se soient prêtés au jeu de 7 minutes de plaisir.

Parce que quoi qu’on en dise, même si fumer n’est pas bon, fumer rend, hélas, beau."

Eddy Brière